"Tu m'épuises" 
"Tu as encore laissé traîner ton sac d'école"
"Dépêche-toi nous allons encore être en retard à cause de toi" 

Ces phrases peut être les avez-vous déjà prononcées ou entendues. Et derrière ces phrases se cachent quelque chose de très important: Vos besoins. 
En effet, nous avons tendance à faire des critiques, des reproches, des remarques... qui vont accuser l'autre ou l'évènement, alors qu'en fait, nous sommes responsables de nos propres émotions. 
Et ce qui nous met dans cet état de colère, d'irritabilité, vient du fait que nos besoins ne sont pas satisfaits. 
Cet état de contrariété va être un signal d'alarme pour nous dire de nous occuper de nos propres besoins et pour prendre soin de notre corps et de nous. 

QU'EST CE QU'UN BESOIN? 
Un besoin c'est quelque chose qui est indispensable à notre propre survie. On a besoin de boire, de se vêtir, de dormir, de manger...
Il faut faire la différence entre un besoin et un désir. 
Un désir, c'est quelque chose qui va rendre notre vie un peu plus agréable, mais dont on a pas nécessairement besoin: l'envie de faire un ciné, un restaurant
Donc tous les désirs ne sont pas nécessairement des besoins. On peut avoir soif (besoin) et on peut avoir envie de boire un jus d'orange (désir)

Les enfants ont beaucoup de désirs, et on ne sait pas toujours comment les accueillir. Quand l'enfant est frustré et que l'on ne peut pas dire "oui", on va écouter avec bienveillance la colère, la tristesse de l'enfant et accompagner sa décharge émotionnelle. 
On y reviendra plus longuement prochainement... Aujourd'hui, nous allons nous intéresser aux besoins du côté des parents. 

ETRE A L'ECOUTE DE SES BESOINS
Nous venons de voir qu'un besoin non satisfait nous met dans un état d'irritabilité. Nous allons donc exprimer cela à notre entourage de manière bienveillante, pour éviter de d'accuser l'autre en disant "TU m'épuises" 'TU as encore laissé traîner ton sac". On va être responsable de ses propres émotions. 
Pour cela, je vous encourage de parler à la première personne, en utilisant le "je" à la place du "tu". 

"Le "tu" tues" Jacques Salomé 

En parlant à la première personne, on va se reconnecter à ses propres besoins, à ses propres émotions. 
Par exemple: Je me sens en colère, irrité, contrarié... Parce que j'ai besoin de respect, d'ordre, de reconnaissance dans le travail que j'effectue
Attention à ne pas dire j'ai besoin que TU fasses ceci ou cela... là nous allons accuser l'autre

Ce n'est pas évident car c'est un langage que nous avons pas appris. A force de se reconnecter à ses propres besoins et émotions, on va apprendre ce nouveau langage. 

De plus, ce n'est pas évident de parler de ses propres besoins, car nous sommes, malheureusement, dans ce culte de la perfection: on veut tout faire, être partout, et on ose pas dire que l'on a des difficultés. 
Et donc on va emmagasiner pleins de choses, et on va aller au delà de nos limites en ne respectant pas nos besoins. 
A force d'accumulation, on risque d'exploser, un peu comme une cocotte minute, et nos automatismes risquent de revenir en disant "TU n'as pas fait çi, TU n'as pas fait ça", de s'exprimer avec beaucoup de colère et de rage. 
C'est donc important de dire les choses au fur et à mesure pour éviter d'exploser, et de s'exprimer avec maladresse. 

A force de parler de soi, votre enfant va apprendre par l'exemple à s'exprimer de manière bienveillante (grâce aux neurones miroirs). 
En parlant avec lui en utilisant le "je", il sera encouragé à communiquer de la même manière.  
Lorsqu'il s'exprimera avec rage, par exemple "Non, j'ai pas envie de dormir", il est intéressant de voir ce qui se cache derrière son "non". Quel besoin souhaite exprimer votre enfant? 
Peut-être a t'il encore envie de passer du temps avec vous, ou qu'il n'est pas fatigué. 
Il convient donc de reformuler sa phrase "Tu aimerais faire une autre partie de jeux?" 

En étant connecté à soi, on sera mieux connecté aux autres. 
On pourra être plus empathique et plus à l'écoute des besoins des autres. Il sera plus facile pour communiquer. 

DÉFI
Je vous propose de parler de vous, en utilisant le "je" à la place du "tu" dans vos conversations. 
Quand vous observez que vous allez attaquer une personne, prenez un moment de pause pour reformuler votre phrase en utilisant la première personne. 
Vous pouvez utiliser le schéma de la communication non violente de Marshall Rosenberg 

Support à imprimer et télécharger: colere 

Pour aller plus loin dans cette démarche, je vous recommande vivement le livre de Marshall Rosenberg "Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)". Un livre intéressant qui explique que la demande n'est pas une exigence (que l'autre personne à le droit de dire "non"). Il donne des pistes pour bien utiliser ce schéma, et lorsque nous sommes face à une critique il nous invite à être empathique et à chercher les besoins qui se cachent derrière ces mots. 

Il ne s'agit pas seulement de formuler ses besoins, il s'agit aussi de les assouvir. 
Ce qui n'est pas évident, car nous somme une vie bien chargée, bien occupée. 
Posez-vous les questions suivantes: 
Qu'est ce qui me manque depuis que je suis parent? 
Quels sont mes besoins que ne sont pas satisfaits et qui me feront du bien? 

Prendre un temps de pause pour réfléchir à ces questions: éteindre toutes les sources de nuisances (téléphone, Ordinateur), mettez de la musique douce, une tisane...
Notez ces besoins qui vous manquent et quelles seraient les actions que vous pouvez mettre en place pour les satisfaire et réparer tout ce manque (Rappel: l'accumulation de besoins insatisfaits va provoquer des contrariétés et des colères explosives)
C'est donc une priorité de prendre soin de vous, de vous écouter, et de prendre soin de vos besoins. 

A force de besoins insatisfaits, nous pouvons aller jusqu'à l'épuisement, jusqu'au burn out. 
Je vous recommande lire "La fatigue émotionnelle et physique des mères" de Violaine Guéritault. 
Ce livre traite de la fatigue des mères et de l'épuisement. Cet ouvrage m'a beaucoup aidé à y voir plus clair, à un moment où je ne voyais pas cet état d'épuisement et de dépression. 
Il m'a permis de prendre soin de moi, d'être à l'écoute de moi et de prendre des moments de pause quand je sens que je vais exploser. 
Il aborde également le fait d'aller oser parler de ses difficultés et d'oser demander de l'aide "J'ai besoin d'aide" 

Et si vous craquez et que vous accusez l'autre, dites des jugements, des critiques... 
Prenez un peu de recul et après cette tempête émotionnelle, revenez vers la personne, vers votre enfant pour s'exprimer de manière bienveillante en vous aidant de la communication non violente
"Je suis désolé, j'ai craqué, car je me suis senti déçu car j'avais besoin de reconnaissance, je te demande de m'accorder quelques minutes pour que nous puissions discuter. " 

Vous pouvez également le faire en vous aidant de votre carnet de bord, en notant ce que vous auriez pu dire ou faire. 
A force de pratique, cela va devenir un automatisme. 

Je vous recommande également de noter l'heure des moments de crise. 
Peut-être qu'il s'agit d'une heure critique. En effet, si vous criez tous les matins, peut être qu'il y a quelque chose à mettre en place pour éviter ces crises. 

Ces nouveaux apprentissages se feront petit à petit, il convient d'accepter d'avancer pas après pas. 

Conseil # 1: Parler en utilisant le "je" 
Conseil # 2: Enrichir son vocabulaire pour arriver à formuler ses besoins et ses émotions 
Conseil # 3: Oser parler de ses difficultés
Conseil # 4: Dire les choses au fur et à mesure 
Conseil # 5: Déterminer les besoins cachés face à un "non"

Si vous dérapez, gardez en mémoire cette merveilleuse citation

"A chaque fois que je me plante, je pousse" 
Michelle Guez 

Article dans le cadre du projet collaboratif Pousses d'acacia  avec Un amour au Naturel et Happee kids 

Lectures pour aller plus loin: 
Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) ICI 
Quand la girafe danse avec le chacal ICI
La fatigue émotionnelle et physique des mères ICI