Il a quelques semaines, nous sommes allés à un festival pour les enfants. 
A l'entrée de ce festival, il y avait un manège écologique. Vous savez ces manèges où la personne doit pédaler pour le faire tourner, tout en fredonnant une chanson. 
Tao, 20 mois à ce moment là, a voulu monter sur le manège. En effet, il avait repéré une belle voiture rouge.
Nous faisons la queue car beaucoup d'enfants avaient très envie de profiter de ce tour de manège sympathique (et gratuit) et lorsque ce fût notre tour, Tao s'est précipité vers la voiture, super fier. 

Le manège étant gratuit et beaucoup d'enfants impatients d'en profiter, il n'a duré que le temps d'une comptine. J'ai donc dû sortir Tao, qui n'a pas été du même avis! 
Il a donc exprimé violemment son mécontentement: corps tout mou, se tendant en arrière, voulant me taper, hurlements, pleurs... 
Il était alors en proie à ses émotions, déçu de ne pas pouvoir rester à conduire ce beau véhicule. 
J'ai entendu sa déception en la verbalisant "Tu avais encore envie de faire de la voiture, tu es frustré." 
J'ai compris et accompagné sa colère" Oui, tu as le droit d'être en colère, je comprends parfaitement, et tu n'as pas le droit de me faire mal. Vas-y, tu as le droit de pleurer je t'écoute." 

Des minutes intenses, avec le regard des autres parents présents lors du festival, une chaleur accablante, mes deux autres enfants en demande (j'étais seule à gérer mes trois enfants, mon mari n'a pas pu venir)... des conditions difficiles pour accompagner une crise de rage. 
Après quelques minutes de décharge, il a pu s'apaiser. 
Nous avons continué de déambuler dans le festival pour aller voir un spectacle. 

Jusqu'au moment où Tao a vu une voiture de style kart. Il s'est installé dessus, et n'a plus voulu descendre. 
De mon côté, j'étais incapable de gérer une autre crise de rage. Il fallait que je me ressource aussi. 

Je l'ai donc laissé se prendre pour Mario (lol), malgré les tentatives d'autres enfants de se l'approprier. 
Je leur expliquais qu'il avait encore besoin d'en faire (alors qu'il était juste assis dessus à tourner le volant!), et j'expliquais à Tao que la petite fille ou le petit garçon avait très envie d'en faire aussi. 

Inconsciemment, j'avais l'appréhension d'une autre frustration et de la décharge qui pouvait en découler. Je n'osais pas l'enlever, tout en me demandant combien de temps cela allait durer et comment j'allais me sortir de cette situation. 
Mes aînés me disaient "Tao est encore sur le Kart". Ils auraient bien aimer en faire eux aussi. 

Et puis au bout de près de 15 minutes, il est descendu...tout seul. Il avait eu sa dose. Il était rempli de son expérience de pilotage. 
Sans frustration, sans pleur, heureux d'avoir profité de cette voiture à pédale, il est parti jouer plus loin. 

A de nombreuses reprises, j'ai pu constater ce théorème "avoir sa dose pour limiter la frustration" (nom inventé par moi-même, mdr) 
S'amuser avec un interrupteur, écouter de la musique sur mon téléphone... A partir du moment où l'enfant a eu sa dose, il se détache naturellement (ou veut bien se détacher si on lui demande) sans aucune frustration de sa part. 

Conclusion: parfois il est préférable de prendre quelques minutes pour satisfaire les expériences de notre enfant et ainsi limiter les crises et les difficultés des parents. 
Quelques minutes de pris à explorer, ce sont d'énormes minutes de gagner en zénitude.