Hier soir, mon aîné de 9 ans en rentrant de l'école à filé dans sa chambre pour des constuctions de légo. Je l'ai laissé jouer, jusqu'au moment où nous devions nous mettre aux devoirs: "De toute façon demain je ne vais pas à l'école, ça ne sert à rien de faire mes devoirs".
Derrière cette phrase, je comprends que la journée ne s'est pas bien passée, qu'il est contrarié. Mais que s'est-il passé?
"Tu sembles contrarié par ta journée d'école"
Et là, il me raconte que le maître remplaçant lui a demandé de changer de place (alors qu'il était à côté de son meilleur ami depuis des mois). Bavardages et rires seraient en cause. Il se retrouve maintenant à côté d'un garçon qu'il affectionne guère.
- Je comprends tu dois être dèçu"
- Oui, je suis puni et pas L. (son ami)
- Tu trouves cela injuste
- Oui, je lui disais d'arrêter de parler et c'est moi qui change de place...
Puis, il se met à pleurer.
- Vas-y mon coeur, pleure. Tu as le droit de pleurer après cette journée.
- De toute façon, demain je ne vais pas à l'école! Ca sert à rien que je fasse mes devoirs.
Il a pleuré pendant peut-être 5 ou 10 minutes. Je l'ai laissé décharger, évacuer les émotions difficiles qu'il a contenu durant cette journée. Je suis restée près de lui, dans le silence, un regard bienveillant, une main posée sur lui (pour permettre de calmer le stress dans son cerveau et sécréter de l'ocytocine)
Après cette décharge émotionnelle, je lui propose de se mettre au travail. Il n'a pas très envie "Pfff, ça m'énerve. Et puis regarde tout ce que je dois écrire."
On s'y met lentement. Je lui propose un verre d'eau, pour l'aider à se recentrer sur lui même et hydrater son corps après cette décharge.
Il est de plus en plus appliqué et concentré. Je lui masse un peu le dos, il se dénoue et termine ses devoirs avec minutie.
Au moment du coucher, je lui propose un temps de massage en tête à tête. Là encore, il a besoin de parler et d'être écouté.
- Demain matin, je demande au maître si je peux retourner à ma place.
- Tu as raison de lui demander, cependant il a le droit de refuser ta demande. Peut être qu'il te dira oui, et peut être qu'il refusera.
Ce matin, j'avais peur que le réveil soit difficile. Or, il s'est reveillé assez tôt et il a été coopératif dans toutes les tâches de préparation avant l'école.
Il me rappelle qu'il va demander au maitre s'il peut retrouver sa place.
Ce midi, il m'informe qu'il a demandé au maitre, et qu'il lui a dit que maintenant c'était sa place. "C'est pas grave, je suis bien là aussi."
Je suis tellement fière de mon bonhomme. Il y a quelques mois encore, il n'aurait pas osé faire une telle demande au maitre. Je m'aperçois qu'il a gagné en confiance, ce qui lui permet d'aller de l'avant.
Le moment d'écoute, de décharge et le temps passé ensemble (remplir son réservoir affectif) lui a permis de passer cette épreuve en douceur.
Cela demande du temps et de l'énergie, en effet, j'aurais pu réagir à sa phrase "De toute façon demain je ne vais pas à l'école" de manière impulsive du style "Demain tu iras à l'école, un point c'est tout!", et je serais passée à côté d'une journée bien compliquée, et probablement qu'il y aurait eu des crises pour évacuer tout ce qu'il avait contenu.
Je vous partage ce petit instant de famille pour vous rappeler que l'écoute permet de dénouer bien des tensions: Qu'est ce que mon enfant cherche à me dire?