Hier, nous avons vu qu'il était préférable de donner des règles plutôt que des interdits. Cependant, malgré ces précautions cela n'empêche pas une éventuelle crise ou pleurs de votre enfant. 

Voici un exemple: Avant hier, nous sommes allés avec mes enfants dans un parc avec structures et toboggans. A l'entrée du parc, il y a une jolie boutique avec de magnifiques peluches et des jouets. Bref, bien tentant pour mes petits chérubins. 
Dès notre arrivée, j'établie la règle: "Les garçons, vous avez vu ces belles peluches. Vous avez la possibilité de les regarder, cependant à notre départ, ils resteront dans le magasin, là où ils sont bien".
Ouf, tout s'est bien déroulé au moment du départ et ma règle a bien été entendue et comprise. 
Cependant, les loulous auraient pu me demander un jouet "Allez, maman, s'il te plaît!" et mon "non" aurait provoqué une frustration, une déception et donc des pleurs... 

Cette situation, nous emmène à voir le principe du jour:

PRINCIPE 2: J'ACCUEILLE LES ÉMOTIONS DE MON ENFANT

LE CERVEAU EST IMMATURE
Vous avez beau demander à un enfant d'arrêter sa "crise", de cesser de pleurer... cela est impossible pour lui. Il en est incapable. 
Les dernières découverte en neurosciences (je vous recommande fortement le livre du Dr Catherine Gueguen - Pour une enfance heureuse) nous montrent que le cerveau est totalement immature pour gérer les émotions. L'enfant est totalement submergé par ses émotions, c'est pourquoi il peut avoir des colères intenses, des larmes, des cris, des tapes... Tout cela est dû à l'immaturité de son cerveau.

" Ces considérations sur le développement et la maturité du cerveau de l'enfant permettent de comprendre que le petit enfant n'a pas, physiologiquement, la capacité de gérer l'ensemble des situations et des émotions auxquelles il est confronté. 
L'enfant ne peut pas réagir comme un adulte. Ce n'est pas qu'il ne sait pas ou ne veut pas, c'est qu'il ne peut pas car ses structures et réseaux cérébraux ne sont pas encore suffisamment fonctionnels. 
L'enfant va donc réagir spontanément, sans avoir la capacité à prendre du recul, et à maîtriser ses émotions. Souvent, il ne comprend pas lui-même ce qui lui arrive. Il est submergé par son émotion qu'il ne peut contrôler. Ces expériences émotionnelles vont cependant être fondatrices et influencer le développement des connexions synaptiques et circuits cérébraux." 
Catherine Gueguen - Pour une enfance heureuse (page 69)

AUCUN RESSENTI N'EST CONTESTABLE 
Parfois vous allez trouver qu'il réagit de manière tout à fait déraisonnable ou inadapté. Ce n'est peut-être rien pour vous, mais pour votre enfant la situation peut-être une vraie catastrophe. 
Catherine Dumonteil Kremer, dans son livre "Élever son enfant autrement" parle du syndrome du biscuit brisé. 

"Le syndrome du biscuit brisé est un exemple de frustrations incomprises des parents. 
Votre bambin a passé une journée exécrable à la crèche, ou bien il a été malmené par un autre enfant au jardin public de votre quartier, il a eu toutes sortes de sensations désagréables, et tout à coup il se rend compte que le biscuit que vous lui tendez est cassé en deux. Il entre en crise de rage. Il évacue tout le paquet de tensions qu'il a accumulé. C'est un travail vraiment important."
Catherine Dumonteil Kremer - Élever son enfant autrement (page 228)

Tout ce que ressent l'enfant a sa légitimité. Il a le droit de ressentir cela: d'être triste face à un biscuit brisé, d'avoir mal en tombant, d'avoir peur face à un chien...
En lui disant "Mais non, ce n'est rien" l'enfant ne se sent pas entendu, ni compris. 
Pour l'aider dans sa maturité cérébrale, nous allons l'aider à verbaliser ce qu'il ressent "Tu sembles en colère, frustré" " Parfois lorsque l'on tombe on peut avoir mal"...

Je vous recommande (re)lire l'article "C'est rien, c'est rien, ce n'est pas grave" 

LES ÉMOTIONS SONT A ÉCOUTER
Beaucoup de parents se trouvent désemparés face à l'expression des sentiments de leurs enfants.
- Ils ne savent pas comment faire
- Ils se sentent impuissants
- Cela peut éveiller des émotions en eux
- La crise peut-être très intense et ils n'ont pas l'énergie pour l'accueillir...

C'est un travail assez intense d'accompagner son enfant dans ses émotions, cependant c'est un travail important. 

Ce qu'il faut garder en mémoire, c'est qu'il est face à ses émotions, qu'il est submergé par celles ci. Son cerveau est alors sous stress (sécrétion d'adrénaline et cortisole). 
Son corps est sous tension, c'est pourquoi parfois il cherche à taper, à mordre... il a besoin de décharger tout cela. 
Il convient de mettre son enfant et soi-même en sécurité, puis d'écouter, d'accueillir... tout simplement. 
En effet, il est important de calmer le stress de notre enfant, et pour cela l'ocytocine sera notre reméde. L'ocytocine sera secreté par un câlin, un contact... de la proximité.

"Les émotions sont juste à écouter, à accueillir. La vie n'est pas toujours facile. Il est important de pouvoir partager nos émotions, d'oser parler ensemble de ce qui fait mal, de ce qui fait peur pour ne pas faire de noeud dans notre coeur." 
Isabelle Filliozat - Il me cherche! (page 65) 

Pour aller plus loin et vous aider à accompagner votre enfant dans ses émotions, vous pouvez lire l'article "accompagner une crise de rage"

J'ENTENDS LE DÉSIR DE MON ENFANT
Revenons à la situation du début et la boutique de jouets. 
Je comprends la peine de mon enfant de ne pas avoir une belle peluche, j'accueille ses pleurs. "Tu es triste, tu avais très envie de cette peluche. Tu as le droit de pleurer." 

Il avait très envie de cette peluche. Un désir est quelque chose dont on n’a pas nécessairement besoin pour vivre, mais qui rend la vie plus agréable. (article besoin ou désir?) 

Il est nécessaire de répondre à tous les besoins. Nous pouvons répondre à certains désirs pour ainsi apporter du plaisir, mais tous les désirs ne doivent pas nécessairement être comblés. Cependant tous les désirs doivent être entendus et accueillis.

La créativité et l'imaginaire pourront vous aider à entendre le désir de l'enfant (tout en accompagnant l'expression de ses émotions) 
" Dis-moi ce que tu aurais fait à la maison avec cette peluche?" 
Faire parler l'enfant de son désir permet de lui faire prendre forme, de lui donner une part de réel et d'importance.

"Le propre d’un désir, c’est qu’il a “besoin” d’être reconnu, entendu, pas toujours satisfait même si le désir d’un désir est d’être comblé" Jacques Salomé

Pour de nombreux parents, il est difficile d'accepter et d'entendre les émotions de leurs enfants. Rappelez vous qu'une émotion est une réaction physiologique, normale. Elle a besoin d'être écoutée, entendue, validée. 
Il est important de l'entendre, de la laisser s'exprimer jusqu'au bout. 
Accueillez tout simplement les émotions de votre enfant par l'écoute, la présence, la disponibilité, la proximité. 

A demain, pour un autre principe de base pour accompagner votre enfant sans violence éducative ordinaire. 

Quelques lectures pour aller plus loin: