La première fois qu'il a prononcé ces mots, il y a quelques mois, j'étais comme anéantie, désespérée, inquiète... tellement d'émotions et ce sentiment d'être une mauvaise mère pour que mon fils, mon aîné, me dise qu'il voulait mettre fin à ses jours.
Pourtant choquée, je l'ai écouté, accueilli son ressenti sans chercher à lui faire la morale, ou encore lui expliquer la mort.
Une fois, deux fois, trois fois a entendre ses propos. S'en été trop pour moi, trop d'émotions, j'ai pris rendez-vous chez la kinésiologue. Elle a beaucoup travaillé sur sa confiance en lui, ses colères, sa jalousie, le fait de trouver sa place...
Quelques améliorations, mais son sourire ne revenait pas, allant même jusqu'à une phobie scolaire. J'ai pris rendez-vous avec la psychologue scolaire mais elle ne comprenait pas: votre fils va bien, il travaille bien, c'est un bon élève... effectivement! et derrière cette façade se cache tellement de peine et de tristesse.
Et enfin, cette prise de conscience. Parfois un enfant a des comportements dits difficiles pour attirer l'attention de son parent. Et si mon enfant avait des mots durs pour attirer mon attention? Ce qui en soit fonctionne car dès que je l'entends me dire qu'il veut mourir, je prends du temps pour lui.
Je repense à Filliozat, à Catherine Dumonteil-Kremer, à mes lectures... Je réalise, donc, que je suis à côté de la plaque. Mon enfant va bien, c'est notre relation qui ne va pas. Depuis tout ce temps où je m'interesse à lui, à aller voir des thérapeutes pour régler SON problème, alors que la solution est en moi: remplir son réservoir affectif.
"Une bonne disponibilité intérieures et une belle quantité d'énergie sont nécessaires pour grandir, réfléchir, apprendre, ou modifier un comportement. Pour rompre le cercle vicieux du stress (agressivité/punition, retrait d'amour/stress/agressivité...), je remplis le réservoir affectif de mon enfant: je souris, je joue et je ris avec lui, je réponds à ses demandes, j'écoute ses émotions, je lui fournis proximité et contact. Je lui donne dix à vingt minutes par jour de véritable attention. Ce faisant, je me nourris moi-même!"
Il me cherche - Isabelle Filliozat
Moment de jeux (société, cartes, chahut), moment de massages, de rigolade, d'échanges, d'écoute... Je le vois prendre goût à ses moments (et moi aussi), me les demander quand il en ressent le besoin. Je le vois aussi retrouver le sourire, ses yeux qui brillent, retrouver le goût d'aller à l'école, à l'escalade, reprendre confiance en lui.
Aujourd'hui, il va mieux, du moins notre relation est plus saine. J'ai beaucoup avancé sur mon chemin de parents. Il a quelques temps, il a prononcé de nouveau ces mots, j'ai compris que son réservoir commençait à se vider et qu'il était en train de me dire "Maman, j'ai besoin de toi" . Ces mots "je veux mourir" ne sont pas à entendre au sens premier.
J'ai longtemps hésité à écrire cet article. Je vous partage là un peu de ma vie privé, un peu de mes relations avec mes enfants qui malgré mes lectures, mes formations... ne sont pas toujours faciles non plus. Je ne suis pas parfaite, comme vous tous ;)
Mardi, sur un groupe autour de la parentalité, une maman était inquiète pour son enfant qui voulait également mourir. J'ai compris que je n'étais pas seule à vivre cette situation, tellement tabou qu'on n'ose à peine en parler.
Alors, il me semble indispensable de partager mon expérience, de rassurer des parents, de leur dire qu'il y a une issue et d'y croire, de consulter si besoin pour avoir un soutien, et surtout de remplir le réservoir affectif de votre enfant.
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Projet 365 # 142 - Un jour, un billet