Il a quelques jours, j'ai participé à un échange sur un groupe facebook concernant "les enfants difficiles". Un thème important que j'ai eu envie d'aborder sur le blog. 

En effet, nous pouvons avoir des difficultés avec un enfant qui pourrait avoir un comportement que nous ne trouvons pas acceptable. 
Doit-on pour autant enfermer son enfant dans le qualificatif "d'enfant difficile"? 

"Nos attentes négatives et positives, conscientes et inconscientes, ont un très fort pouvoir d'incitation sur le comportement de nos enfants."
Catherine Dumonteil Kremer - Une nouvelle autorité sans punition ni fessé

L'EFFET PYGMALION 
Des études démontrent que le regard et les attentes de l'autre conditionnent notre comportement. C'est ce qu'à découvert Robert Rosenthal, psychologue américain, en réalisant l'expérience suivante :

• Après avoir constitué deux échantillons de rats totalement au hasard, il informe un groupe de six étudiants que le groupe n°1 comprend 6 rats sélectionnés d'une manière extrêmement sévère. On doit donc s'attendre à des résultats exceptionnels de la part de ces animaux.

• Il signale ensuite à six autres étudiants que le groupe des 6 rats n°2 n'a rien d'exceptionnel et que, pour des causes génétiques, il est fort probable que ces rats auront du mal à trouver leur chemin dans le labyrinthe. Les résultats confirment très largement les prédictions fantaisistes effectuées par Rosenthal : certains rats du groupe n° 2 ne quittent même pas la ligne de départ.

Après analyse, il s'avère que les étudiants qui croyaient que leurs rats étaient particulièrement intelligents, leur ont manifesté de la sympathie, de la chaleur, de l'amitié ; inversement, les étudiants qui croyaient que leurs rats étaient stupides ne les ont pas entourés d'autant d'affection.

L'expérience est ensuite retentée avec des enfants, à Oak School, San Francisco aux Etats-Unis par Rosenthal et Jacobson, mais en jouant uniquement sur les attentes favorables des maîtres.

Dorénavant, Rosenthal et Jacobson savent qu’ils peuvent jouer avec le discours, avec le semblant. Ils choisissent, pour leur expérience, un quartier pauvre, délaissé de la politique et où habitent un nombre important de familles immigrées vivant dans des conditions très difficiles (milieu socio-économique défavorisé). Ils se présentent dans une école de ce quartier avec une fausse carte de visite et expliquent qu’ils dirigent une vaste étude à Harvard, en réalité financée par la National Science Foundation. Cette étude porte sur l’éclosion tardive des élèves (simple test de QI). Par la suite, ils pourront recommencer ce test sur les mêmes élèves et voir s’ils auront le même résultat ou non. Toute cette expérience se fait dans un contexte dans lequel l’intelligence a un caractère inné.

Rosenthal et Jacobson font passer le test à l’ensemble des élèves, puis s’arrangent pour que les enseignants prennent connaissance des résultats, croyant qu’il s’agit d’une erreur de transmission de courrier. Les résultats ne sont pas les résultats réels du test de QI, mais comportent des notes distribuées aléatoirement. Vingt pour cent des élèves se sont vu attribuer un résultat surévalué. À la fin de l'année, Rosenthal et Jacobson font repasser le test de QI aux élèves.

Le résultat de l'expérience démontre qu'une année après le premier test, les 20 % se sont comportés comme les rats du premier groupe : ils ont amélioré de 5 à plus de 25 points leurs performances au test d’intelligence. Le hasard a créé un nouveau type d’élèves grâce au regard qu’ont porté les enseignants sur ces élèves, en raison des résultats du test artificiellement biaisés.
Source Wikipédia 

Source schéma

Vous n'attendez pas de votre enfant qu'il soit un "enfant difficile"? Alors il est temps de sortir de ce schéma, de ce conditionnement, de lui apporter un autre regard sur lui et rétablir une relation entre votre enfant et vous. 

L'ENFANT EST UN ETRE FONCIEREMENT BIENVEILLANT
"Il me cherche" "Pourquoi il me pousse à bout" " Il écoute rien"... De quoi nous faire penser que nos enfants font exprès de nous embêter. 

Je vous rassure vous pouvez faire confiance à votre enfant. Il n'a pas toujours le comportement que vous souhaitez, mais il ne cherche pas à vous nuire. 

De nombreuses études démontrent que l'enfant est un être bienveillant et empathique. Dans le livre "La Bonté humaine", Jacques Lecomte évoque la situation d'un adulte en difficulté à côté d'un bambin de 14 mois qui va essayer de lui porter secours, même quand les circonstances sont compliquées pour lui, autrement dit lorsque des obstacles ou des jouets passionnants sont mis en travers de sa route. 
Les observations de ce type défient tous les discours selon lesquels un enfant est un petit être égoïste ne pensant qu'à assouvir ses "pulsions". 
Source " Pour une nouvelle autorité sans punition ni fessée" 

A ce stade, vous devez vous demander pourquoi est-ce aussi difficile et qu'est que vous pouvez faire pour changer la situation. 

POURQUOI CETTE ATTITUDE? 
Votre enfant n'est pas difficile, il a un comportement difficile. Il n'est pas mauvais et s'il agit ainsi c'est probablement que quelque chose ne va pas. 

"C'est leur façon de signifier "il me manque quelque chose" ou "je vais mal". Il ne savent pas encore nous dire avec des mots: "J'ai besoin de proximité" "J'ai peur quand vous me disputez" "Je n'arrive pas à coordonner mes geste" ou "Mon corps est en tension"..."
Il me cherche - Isabelle Filliozat

Quand votre enfant montre des comportements dits "difficiles" (agressivité, insolence, insultes...), il montre des effets d'un cerveau sous stress. 
Souvent ce comportement nous fait sortir de nos gonds, nous n'avons pas envie de câliner notre enfant. Et pourtant, votre enfant cherche à vous dire qu'il a besoin d'attention, d'aide, de vous. 

La première étape va être de remplir le réservoir affectif de votre enfant, pour réduire ses hormones de stress dans son cerveau et secréter de l'ocytocine.
Câlins, jeux de chahut, rire... permettent de nourrir votre enfant. 

"La tendresse déclenche la sécrétion de dopamine, sérotonine et ocytocine - les molécules de la joie, de la sérénité et du bonheur - qui calment l'amygdale et diminuent la sécrétion des hormones de stress. Le parent est comme une station essence, une base pour refaire le plein régulièrement." 
Il me cherche - Isabelle Filliozat 

Votre enfant apaisé et vous aussi, il pourra, au fur et à mesure que vous allez remplir son réservoir, se délivrer à quelques confidences: des difficultés à l'école, des problèmes dans la fratrie... Le comportement "difficile" n'est que la partie visible de l'iceberg, dessous se cache des tensions, des difficultés, des doutes... qu'il va falloir évacuer en accompagnant votre enfant. 

L'écoute active pourra l'aider à identifier, comprendre et accepter ce qui se passe en lui. Ecouter les sentiments sans chercher à juger, conseiller...
Vous pouvez reformuler ses sentiments "Tu sembles inquiet, contrarié..." et reformuler avec empathie ce que votre enfant vient de vous confier pour valider que vous avez compris. 
Il se sentira dans un climat de confiance, entendu, et surtout compris. 

"L'écoute active est une technique pour communiquer à l'enfant qu'on l'accepte avec son problème de sorte qu'il soit encouragé à en parler et, peut-être, à trouver sa propre solution."
Parents efficaces au quotidien - Thomas Gordon 

Non! Votre enfant n'est pas difficile! Il vit probablement des choses difficiles. Il a besoin d'aide et se décharge sur vous parce qu'il a confiance. 
Après avoir rempli son réservoir affectif, l'écoute vous permettra d'être de nouveau connecté à lui et de voir toute la tendresse et l'amour qu'il cachait derrière ses comportement SOS. 

Pour aller plus loin, vous pouvez (re)lire le billet "Merci Madame Filliozat!"

Projet 365 # 129 - Un jour, un billet